Engloutir son déjeuner à son bureau tout en continuant à travailler sur son ordinateur, ou dîner devant le dernier épisode de sa série préférée, sont des habitudes de plus en plus courantes aujourd'hui.
Si cela semble faire gagner du temps, ou parait plus pratique, voire même plaisant,
ce n'est pas sans conséquences sur notre poids, ni même sur notre bien-être et notre santé.
Lorsque nous mangeons devant notre écran, que se soit en surfant sur Instagram ou Facebook, en regardant distraitement Netflix ou au contraire en étant hyper concentré sur notre fichier Excel, ou même en shoppant online, il est évident que nous pretons peu ou pas du tout d'attention au contenu de notre assiette. Et c'est bien ça le problème.
«Les écrans sont des objets aussi fascinants qu’hypnotisants. En captivant l'attention, ils empêchent de manger en pleine conscience, c’est-à-dire de ressentir les sensations gustatives. Par extension, on est moins enclins à être rassasiés et donc plus susceptibles de prendre du poids», explique le psychiatre Gérard Apfeldorfer.
Olga Davidenko, maître de conférences en comportement alimentaire à AgroParisTech précise : «Pendant un repas, plus on mange, plus notre perception du plaisir procuré par les aliments diminue. En clair, à la première bouchée, on savoure entièrement et à la dernière, le palais est comme anesthésié face au plaisir». Cela contribue à la sensation de satiété qui sans concentration ne sera pas ressentie, et il sera donc beaucoup plus difficile de se sentir repu.
Par ailleurs, sachez qu'un repas pris devant un ordinateur ou une télévision impacte aussi le souvenir que l'on aura du moment, or la mémoire contribue justement à la sensation de satiété. Face à un écran, les sens sont concentrés par ce qu'il s'y passe et non par l'apport sensoriel de la nourriture.
«Quelques heures voire quelques minutes plus tard, le cerveau n'abritera qu'un souvenir brumeux du repas, ce qui l’empêchera de jauger la quantité de nourriture ingurgitée, complète Olga Davidenko. On l'a observé avec des patients atteints d’amnésie. Ils étaient nourris jusqu'à satiété puis 20 minutes plus tard, on leur a de nouveau proposé un repas. Ne se souvenant pas d’avoir récemment mangé, ils étaient à chaque fois capable de consommer à nouveau.»
Le bien-être dans sa globalité est aussi menacé. Le psychiatre Gérard Apfeldorfer le rappelle : «Manger est un plaisir des plus faciles à s’octroyer, c'est s’occuper de soi, prendre en considération son corps, s’auto-observer en train d’exister, réintégrer la vie que l’on a tendance à négliger.»
Dans la mesure du possible, tous les professionnels conseillent de se nourrir en conscience. Vaste expression qui consiste tout simplement à préparer ses propres repas, choisir avec soin des aliments que l’on aime, prêter attention aux signaux envoyés par son corps, porter son attention vers son assiette...
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